Situation: Tailfer
Le haut-fourneau de la famille Donau.
A quelle époque le Haut-fourneau a-t-il fait son apparition à Tailfer?
Une série de documents établissent clairement son existence et la durée de son exploitation.
(1) Extrait du registre aux anniversaires et rentes de la cure de Lustin par Jean-Denis DARDENNE, curé de Lustin du 7 mai 1768 au 17 octobre 1778 : « Anniversaire de Jacques-Antoine DEVEAUX pour une messe haute et recommander son âme à Dieu chaque dimanche, a laissé 36 sols de rentes à perpétuité à un curé de Lustin, contrepassés sur la maison qu’il a à Tailfer contre la Meuse et joignante au fourneau et sur les héritages dont l’emplacement du fourneau en fait partie, lequel j’ai béni au mois de septembre 1778 comme appert par le testament du susdit testateur en date du 28 mai 1774 ».
Emplacement de l’ancienne fonderie Donau (Rue de tailfer)
(2) Documents cadastraux. Tableau indicatif des propriétaires, des propriétés foncières et de leurs contenances, dressé le 15 octobre 1810. Le fascicule relatif à la section A indique sous le N° 20bis du plan : lieu dit « Tailfer ».
Propriétaire: DONAU Charles, maître de forges à Lustin.
Nature: fourneau.
Contenance: 2,00 ares.
Une pierre tombale scellée devant l’entrée de l’église précise que ce propriétaire est Charles-Alexis-Joseph DONAU de Givet, maître de forges à Tailfer.
La pierre tombale de jean-Joseh Donau
(3) Registre des délibérations du Collège échevinal de la commune de Lustin N° 281 du 25 mai 1841 : il est signalé au commissaire d’arrondissement qu’il existe un haut-fourneau situé au hameau de Tailfer.
(4) Le même registre indique à la date du 4 décembre 1846 que le fer fondu est transporté dans les forges des communes voisines d’où il faut conclure que le haut-fourneau est toujours en activité.
Par contre, ce fourneau est resté en inactivité pendant toute l’année 1848. En conséquence, le revenu imposable à la contribution foncière dont le sieur DONAU sollicite le remboursement s’élève à 867 frs 25.
(5) Le 9 septembre 1851, le bourgmestre de Lustin signale à l’administration de la Sûreté Publique que le sieur DONAU Michel Gabriel est entré en Belgique le 4 septembre 1845 et que lui et avant lui ses parents étaient propriétaires depuis plus de 50 ans du Haut-fourneau de Tailfer.
(6) Extrait du registre aux délibérations du Conseil communal de Lustin en date du 19 octobre 1851 : « Vu la requête du sieur DONAU Michel Gabriel demeurant à Tailfer, tendante à convertir le Haut-fourneau qu’il possède au-dit Tailfer en moulin à farine…décide qu’il y a lieu d’approuver la requête ».
Vue de la forge Donau en arrière plan
Il n’est pas sans intérêt d’ajouter sur la famille DONAU quelques précisions supplémentaires recueillies par Philippe MARTIN de Lustin aux Archives du Royaume de Namur (Echevinage – Greffe de Lustin – Transports des années 1780-1790-1850).
Les frères DONAU, dont l’aîné François-Joseph, avocat à Namur et le cadet Antoine-Joseph, maître de forges qui avaient fondé une société pour l’exploitation d’une fonderie à Tailfer lui donnèrent un essor nouveau . Vers 1779, comme leurs affaires étaient à la dérive, ils constituèrent le 4 octobre une rente de 50 florins à concurrence de 1250 florins sur la forge et les dépendances de Tailfer, au profit de Robert-Joseph ARNOULD, maître coutelier à Namur. Par la suite, ils acquièrent une forge dite « Pircot » située sur le ruisseau du Samson à Goyet. Mais en 1784, une dissention surgit entre les deux frères; ils font le partage et Antoine DONAU (qui avait conservé le fourneau de Tailfer et les dépendances) forma une nouvelle société avec François-Joseph DRION, avocat à Namur et Emmanuel DRION de Charleroi. La fonderie s’agrandit pour atteindre son apogée en 1850. Mais Tailfer ne pouvant pas disposer en suffisance du coke pour la fonte du minerai et de plus l’installation de la ligne du chemin de fer de Namur – Dinant ayant empiété sur une partie des dépendances de la forge, ce fut la fin de cette fonderie jadis prospère. La fonderie fait place à un moulin à farine. Celui-ci tombe en désuétude et est vendu à un marchand de cannes à pêche vers 1888. Enfin, en 1906 les Soeurs de l’ordre de Saint-Thomas de Villeneuve, venues de Noyon, établirent un couvent pour dames et jeunes filles et une aile des bâtisses fut transformée en chapelle.
Après la catastrophe de 1910, les Soeurs quittent les lieux.
Aprés de nombreuses rénovations, les bâtiments sont aujourd’hui aux mains d’un particulier.
Vue de l’ancienne forge Donau.