Lustin est situé près de la Meuse, sur le plateau à la portée, des forts de Dave et d’Andoy, et de celui de Saint-Héribert sur la rive gauche.

La population fut prise de panique à plusieurs reprises à l’annonce de l’approche des Uhlans.
Chaque jour au Salut une foule angoissée remplissait l’église.
Les Hussards entrèrent dans lustin le 15 août 1914 de grand matin. Ils se retirèrent rapidement pour réapparaître au nombre d’une trentaine, vers 2h de l’après-midi.
La procession, qui devait se faire après les vêpres eut lieu dans l’église, toute secouée par les canons de la bataille de Dinant.
Une intense émotion remuait l’assistance: les femmes pleuraient en priant. Deux fois déjà ce jour même, les Allemands tirèrent en l’air en plein village, et plus tard ils en accusèrent la population.
Pareil incident lieu le 24 août à Tailfer: un soldat tira sur son cheval et le tua. Le curé se trouvait à quelques mètres dans le parc de Monsieur Gilbert et entendit le coup de feu.
Le soir même un officier disais à Monsieur Gilbert : « Encore un franc-tireur qui a tiré sur nos hommes il a même blessé un soldat » !

Les Français et les Belges qui gardaient respectivement le pont de Lustin et le chemin de fer montèrent à Lustin de temps à autre pour refouler les éclaireurs ennemis.
Un Allemand fut tué par un soldat belge et fut inhumé au cimetière. Le bruit s’étant répandu que le cadavre avait été jeté dans la Meuse, les Allemands exigèrent l’ouverture de la tombe et l’identification de la victime.

Le 16 août, le fort de Dave envoya un obus qui tomba dans les campagnes près d’une chapelle.

Le 21 août en prévision de l’attaque de Namur, le curé invita à la population à descendre dans le vallon voisin de Tailfer, hameau de la paroisse, pour être à l’abri du bombardement, les offices religieux s’y firent pendant plusieurs jours.

Le 22 août à 9h30 du matin, le fort de Saint-Héribert fit prévenir les habitants du village, puis tira trois obus et six Shrapnels qui causaient quelques dégâts notamment à la maison d’Arthur Nivaille-Leroy.

Le fort de Saint-Héribert

Le curé appris plus tard par l’aumônier du fort, Monsieur Dehant, que l’on croyait Lustin rempli d’allemands, ceux-ci étaient à Crupet et dans les bois voisins.

Vers 5h de l’après-midi, les Français firent sauter le pont de Lustin sur la Meuse et pendant une demi-heure six de leurs canons lancèrent des shrapnels sur les campagnes et les maisons de Lustin: six ou sept maisons furent touchées et des débris de mitraille tombèrent dans tout le village.

Vers 5h du soir les Allemands arrivèrent sur la route de Mont-Godinne et envahirent la gare.
Ils y surprirent le chef cantonnier Paquet ainsi que François Briot, Joseph Gauthot, Jean Pelkus et le jardinier de Monsieur Puel et les obligèrent à marcher devant eux le long de la ligne du chemin de fer dans la direction de Dinant.
Or les Français tiraient toujours de l’autre rire. Beaucoup de soldats allemands étaient étendus et poster en tirailleurs le long d’une tranchée entre le passage à niveau et le pont du chemin de fer de Frappe-Cul (Lustin).
Ils forcèrent à coups de crosse de fusil Monsieur Paquet à sauter en bas du pont d’une hauteur de 5 à 6 m.
Il n’osait se lancer dans le vide, surtout parce qu’en bas de ce pont se trouvaient une quinzaine de soldats qui hurlaient et dirigaient sur lui leurs fusils armés de baïonnettes.
Mais toute résistance fut inutile: il dû se résoudre à faire le saut périlleux, tandis que français et allemand échangeaient entre eux des coups de fusil.
Lui et ses compagnons, mis en joue à plusieurs reprises, se virent entourés de 150 forcenés qui faisaient mine de les abattre, ils crurent leur dernière heure venue.
Paquet fut emmené au sanatorium de Mont-Godinne ou un colonel lui fit subir un long interrogatoire: il était devenu le chef des francs-tireurs ! Heureusement, ont le relâcha à 10h du soir !

Sources: Daniel Wiame (Rapport de Monsieur L’abbé Rihoux, curé de Lustin)

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