LUSTIN (le pays des gens bien) …
La classe du Maître Siméon Rousseau (4, 5, et 6ème primaires)  Récit de Daniel Wiame.

Remarques :

L’école communale se situe dans un ‘’ bloc ‘’ qui comprenait à l’époque, la maison communale, les classes des filles, les classes des garçons, le logement du concierge, la chaufferie commune, etc…. Dans le présent récit, ce ‘’ bloc ‘’ important ne sera pas décrit autrement.
Seuls, les éléments en rapport direct avec cette classe y seront donc mentionnés.

Description :

Un escalier à gauche du bâtiment menait aux classes des garçons ; un escalier à droite menait aux classes des filles.
Derrière la maison communale sise ainsi au centre de la façade, s’ouvraient alors les zones dites réservées à l’enseignement.
Par une assez longue et étroite  allée pourvue de pavés (1d) partant des escaliers, on arrivait ainsi dans la zone dite de ‘’ la cour de récréations garçons ‘’ (1g).
Assez vaste, bétonnée, elle comprenait les éléments suivants :
Au fond à gauche, un vaste préau à la toiture plate faite de béton ; sur la droite, une rangée de WC dont les portes laissaient un espace ouvert assez important vers le sol ! Entre ces deux éléments, un escalier assez étroit menant au jardin faisant partie intégrante des lieux.
Cet escalier sera privilégié comme zone de batailles entre les ‘’ armées ‘’ composées des souteneurs et sympathisants des diverses causes exprimées et défendues au détour des inspirations et des divergences d’idées Et puis, ne fallait-il pas un dominant incontesté ? Celui-là qui serait désigné comme le préposé au service de l’encre.

Une armée prenait position dans et au-dessus des escaliers ; l’autre formant ses bataillons en leurs pieds ! Et va pour l’assaut ! Le plus fort en coups de poings et de pieds l’emportait en mettant en honteuse déroute le plus faible !
Le groupe des battus s’éparpillait bien vivement dans l’anonymat de la masse  ou, s’encourait lamentablement vers le fond du jardin! Jardin peu entretenu mais où poussaient encore de-ci, de-là, des ‘’ comestibles ‘’. Les vainqueurs faisaient alors grands bruits et gesticulations pour impressionner ! Ils étaient les plus forts, les plus aguerris dans la bataille ; aussi, les plus à fanfaronner ! Pourtant, les cordes vocales étaient encore en formation de jeunesse !
L’ultime jouissance pour les assaillants ou défenseurs vainqueurs était de pouvoir pavoiser sur les zones hautes, bordant les alentours du haut des escaliers conquis – mêmes encore aux prix de quelques derniers mauvais coups et bleus en venir !
Mais, si la défense ou l’attaque avaient vaillamment résistés, que de clameurs et cris de victoire ! Ceux-là mêmes qui ameutaient les filles d’à côté, si attentivement mises en grande écoute, et qui voulaient du ‘’ garçon ‘’ malgré les convenances excessives de l’époque !
Quelle défense ! Quelle attaque ! Quelle démonstration de jeunes muscles en formation !
Le plus surprenant, était ces batailles de boules de neige, quand l’hiver nous l’avait faite tomber en grande abondance.
Mais, toute bataille avait une fin ! L’appel du Maître en fin de récré, nous faisait reformer les rangs ! La paix des braves entre vainqueurs et vaincus se faisait spontanée ! Il fallait se remettre à l’étude, les fesses posées sur ce bois fort dur des bancs! Il fallait être à nouveau studieux et attentifs !

Du centre de la cour de récré (1G) à la classe  (1z) :

Quand l’on se trouve au milieu de la cour de récréation et que l’on regarde vers le bâtiment
construit en beaux moellons de grès indigènes aux couleurs chaudes souvent dérivées de l’ocre commun,  très abondant dans les carrières proches, on voit les éléments suivants :
En tout premier lieu, un jardinet (1f) aux bordures surélevées et rempli de terre de jardin.
Ce jardinet – bien que planté et souvent replanté – restait d’aspect médiocre ! En place d’en faire le tour par la droite, les élèves l’enjambaient allégrement ! Trop souvent, ils y posaient les pieds ! A la fin, terre devenue dure dans laquelle poussaient sans retenue, les mauvaises herbes et pissenlits ! Ces derniers florissants en abondance dès les premiers rayons du soleil de printemps.
Suivait un ‘’ petit couloir ‘’ faisant toujours partie de l’espace cour de récréation (1e) ; une double porte (9) permettait alors de pénétrer pleinement dans le corps du bâtiment (1a) ; à savoir, un long couloir donnant accès aux deux classes ‘’ primaires garçons ‘’ (1z à droite et 2z à gauche de la porte d’entrée).
Remarques :
Le long du mur entre (1e et 1a), à l’intérieur, était placé et fixé à bonne hauteur d’enfants, un long bac en tôle galvanisée (6).
Divers robinets avec eau froide permettaient ainsi de se laver les mains. Des briques de savon
‘’ sunlight ‘’ étaient aussi mise à disposition dans des ‘’ portes savons ‘’ fixés au mur.
Pour grandement faciliter l’entrée de la lumière du jour, le mur portant ce bac, était construit en deux sections précises ; le bas fait en dur, et le haut formé de châssis garnis de vitres.
Il en était de même pour le mur (5) entre le couloir et la classe (1z) ; deux sections ; le bas en dur où étaient fixés les crochets (7) pour pendre les vêtements ; le haut, formé de châssis également vitrés.

Ainsi, par la porte vitrée (8) on pénétrait dans la classe des GRANDS !
Remarques 1 : cette zone est entourée de couleur verte.

Remarques additionnelles  2 :
La zone entourée de bleu constitue la classe des plus petits (1,2,3 primaires).
Faute de souvenirs précis, même s’il y a certaines annotations elle n’est pas autrement décrite.

Tout en face de cette porte d’entrée, sur toute la largeur, un mur (1b) également bâti en deux sections ; le bas, en moellons ;  le haut, formé de châssis également vitrés.
Ces dispositions permettaient une puissante entrée de lumière venant de l’extérieur.

Description de l’intérieur de la classe :

Disposition classique d’une classe de l’époque :
Sur un sol de carrelage, l’estrade (2) et le tableau noir (3) prenant toute la largeur du panneau ; en (4) les armoires dont celle du milieu contenait les réserves de bouteilles d’encre.

Remarques : pour ce qui est de la disposition des éléments intérieurs, la présente description est extraite de ma mémoire. Il faut imaginer que régulièrement, et suivant les besoins de telle ou telle année calendrier, ces dispositions ont été modifiées en vue d’obtenir les meilleurs résultats.

En pénétrant directement dans la classe, sur le mur de fond à droite, directement suspendu au- dessus de l’estrade, il y avait ce grand tableau noir faisant toute la largeur du mur. Afin de pouvoir conserver pour un plus long temps, des écritures à la craie, ce tableau était fourni d’éléments complémentaires, panneaux sur charnières pouvant ainsi se ‘’ rabattre ‘’ de façon à présenter à l’écriture, une surface vierge.
Cette disposition était particulièrement pratique car certains écrits ne pouvaient-être éphémères ; devant parfois servir pendant plusieurs jours ou semaines.
A la base de ce tableau, il y avait de petits ‘’ balcons ‘’ légèrement creusés de façon à retenir les craies. Majoritairement blanches mais aussi avec certaines de différentes couleurs.
Dans ces diverses couleurs, le rouge faisait majorité pour indiquer principalement les erreurs
causées par un élève dont les connaissances étalées à la vue de la classe, laissaient à désirer.
Le ‘’ coffre à craies ‘’ faisait bon ménage avec l’encre en bouteilles, mis bien en sécurité dans l’armoire de fer se fermant à clefs.
Le mur de gauche était garni d’armoires diverses (dont celle ‘’ gardant ‘’ encres et craies).
Au-dessus de ces armoires, sur la partie murale libre, il y avait souvent – punaisés – de large feuilles de papier sur lesquelles était présenté des séries entières d’éléments qu’il était nécessaire de mettre en mémoire dans nos jeunes cerveaux. De plus, en cas de panne de mémoire, l’on pouvait toujours subtilement de ‘’ retourner ‘’ un court instant.
En entrant dans la classe, sur le mur de droite qui, à l’extérieur, portait les crochets à vêtements, il y avait – sur toute la longueur du mur, une magnifique ‘’ ligne du temps ‘’.
Bienfaite, portant beaucoup de détails sur principalement les dates reprenant les grands évènements de l’histoire connue de l’humanité.

Dans une partie de mon temps passé dans cette classe, il y avait quatre colonnes dont trois de cinq bancs (bancs de bois à deux places avec sièges également de bois : le plateau servant de bureau était agrémenté d’un encrier de faïence blanche encastré dans une ouverture ronde, permettant de le bien stabiliser afin de maitriser les constants ‘’ coups de plumes ‘’ venant en grande soif,  au ravitaillement.
Première colonne :
Vide de bancs, elle était principalement exploitée et occupée par de grands bacs à sable faits de bois et posés sur des tréteaux ou autres tables. Ces bacs à sable étaient fabriqués chez le menuisier, Monsieur Adam, dont l’atelier était situé juste en face de l’entrée de l’école des garçons.
Ces bacs à sable, fournis abondamment de ce précieux matériau, permettaient de composer une série de travaux basés principalement sur la réalisation de coupes de terrains comprenant les différentes strates, plus les dessus et hors sols.
On s’aidait aussi – pour les détails à mettre en valeur – de petits cartons colorés et de plasticine également de différentes couleurs.
Tout cela étant réalisé par les élèves sous l’attention présente du maître
Des parties de sable étaient colorées aux besoins de la présentation finale.
On pouvait ainsi ‘’ admirer ‘’ nos réalisations faites avec le plus grand sérieux et la plus grande application de tous.

Les  trois autres colonnes étaient formées de lignes de quatre ou cinq bancs, disposés de façon régulière afin d’en présenter la meilleure harmonie.

TOUT était ainsi mis en place pour ‘’ recevoir ‘’ la marmaille ! De cette ‘’bande ‘’ il fallait
instruire et remplir de bonnes choses, ces jeunes cerveaux ‘’ villageois ‘’ au possible !

A l’occasion de son anniversaire, la maître Rousseau organisait une petite fête dans la classe. Les bancs rassemblés et couverts d’une nappe, se garnissaient ainsi de toutes sortes de biscuits, de gâteaux ; toutes friandises – hors de notre portée financière – parmi les meilleures alors produites. De plus, nous avions exceptionnellement droit à un tout petit verre de muscat dont la teneur en alcool était du plus faible possible ! Alors, au milieu de ces plaisantes agapes, le désigné par la classe, tout en faisant l’éloge du maître – en quelques mots préparés de longue date – lui remettait ce précieux cadeau, acheté en cachette par l’un ou l’autre des parents et sur la base des dons spontanés faits par les élèves.

Malgré tout, tous étaient infiniment reconnaissants pour la qualité de l’enseignement donné, par la grande disponibilité et la capacité que le maître avait pour nous bien instruire et surtout, pour nous intéresser à l’étude personnelle de toutes bonnes matières et connaissances.

Chez lui, c’était un don inné et fort exceptionnel !

Remarques :

*Siméon Rousseau, alors la quarantaine était d’origine de Marche-les Dames, excellent élève à l’école normale, il avait été désigné pour un poste à l’école communale pour garçons de Lustin. Tenant compte du nombre restreint d’élèves disponibles, de mon temps, il donnait cours aux trois dernières primaires réunies dans le même local. Marié, une fille de notre âge, Agnès – fort jolie fille et fort ‘’ convoitée ‘’ par les ‘’gamins ‘’ –

il vivait avec ses beaux-parents qui exploitaient – juste en face de l’église – une petite épicerie de village qui nous fournissait ainsi en plantureux approvisionnements de précieuses denrées sucrées dont les prix étaient dits ‘’ ceux d’amis ‘’ !

*Au cimetière de Lustin, en entrant, directement à droite, le long du mur de clôture, se trouve sa tombe couplée avec certains membres de sa famille déjà décédés.

Sur la dalle funéraire, un livre ouvert taillé dans du marbre blanc et placé en léger oblique.

Page de gauche, son portait, une photo vitrifiée de forme ovale ; sur la page de droite, une seule phrase : <<A notre regretté Mr Siméon Rousseau instituteur de la part de ses élèves de 1940 à 1971. >>

Pourtant, il nous arrivait régulièrement – alors que nous étions hors des classes- de profiter un instant de l’inattention de nos surveillants pour oser pousser un regard au-dessus du haut mur de pierres qui nous séparait bien malheureusement de la vue des filles dont certaines étaient déjà dans les formes bien avancées d’une puberté villageoise naturellement précoce !

Pour cette opération qui ne favoriserait qu’un seul voyeur, il faudrait en embrigader 3.

Les deux premiers se tenant par l’épaule, faisait monter le troisième en haut de leurs bras tendus au plus haut ! De cette ‘’ grande hauteur ‘’, il était possible de dépasser le haut du mur de séparation des ‘’ sexes ‘’ ! Quelques secondes de cette ‘’ divine vision ‘’ suffisaient à émouvoir pleinement le cœur et les sens déjà en premiers éveils de ce privilégié !

Si l’occasion se présentait, il y avait un tour de rôle ! Mais, les surveillants surveillaient et gare à la découverte de cette puissante entorse à la morale pudibonde de l’époque !

Coups, retenues, gifles, dans le coin pour plusieurs heures, une craie dans les doigts, un point précis au tableau fixé de fait sur la position ‘’ sur la pointe des pieds ‘’ qui obligeait à une longue tension du corps ! Gare ! au laisser aller ! Le temps de peine serait rallongé !

Tout cela devant la classe attentive, craintive, silencieuse ! De fait, terrorisée !

Mais, qui aurait osé se plaindre – même juste un tout petit peu – auprès de ses parents sans encourir immédiatement les foudres parentaux et d’autres sévices fort pénibles à supporter !

Remarques :

Pourtant, il nous arrivait d’être ‘’invités officiellement‘’ à nous rendre dans la zone des filles.

Une fois par an, pour la très attendue photo de classe et, une ou deux fois pour assister béatement incrédules, aux tours de magie du magicien ‘’ William Truc’’ !

Le tour le plus spectaculaire à nos yeux, était la brisure d’un verre sous la puissance de la voix de sa ‘’ belle et fraiche ‘’ assistante dont le subtil porté de voix, ouvrait notre intérêt pour le tout beau féminin !

Le maître était pleinement protégé ! Immunité totale ! Confiance totale des parents dans ses méthodes reconnues très efficaces et certaines dans l’éducation de ces ‘’jeunes si mal dégrossis ‘’ en manque de solide éducation et de savoir-vivre de bonne qualité !

Daniel Wiame

Cet article a 3 commentaires

  1. Marchal

    Bonjour , merci pour ces photos de notre passé, y aurait-il moyen d avoir une copie de la 2eme photo de classe , celle avec le meuble noir en arrière plan, mon père est dessus
    D avance , merci , bien à vous
    Marchal Christophe

    1. Sergio

      Bonjour Christophe, l’équipe de “www.nostalgie-lustinoise.be” marque son accord pour ta demande au sujet d’une copie de la photo en question.
      Merci de nous suivre!

  2. Morren Christine

    Mon papa Raymond Morren et son frère Michel, étaient certainement dans cette classe
    Mon papa était né en 1945 et mon oncle en 1948
    Ma tante Arlette était elle aussi dans cette école où seulement les garçons ?

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