Les droits de barrière au 19e Siècle.
Jusqu’à l’achèvement des travaux de construction du chemin de fer de Namur à la frontière française vers Givet (les expropriations ont eu lieu en vertu de la loi du 27 mai 1859), les déplacements de Lustin vers Namur, notamment, rencontraient de sérieuses difficultés.
On peut s’en rendre compte à la lecture des délibérations du Conseil Communal de Lustin lors de sa séance du 28 juillet 1850, rédigées comme suit :
En raison de l’utilité que présente le passage d’eau pour les habitants de la commune et en particulier pour ceux des Fonds qui doivent tourner par Namur en passant par Corrioule, n’ayant pas d’autre chemin d’ici pour aller chercher de la chaux de l’autre côté de la Meuse, en face de Tailfer ou à Wépion, pour amender leurs terres. De même pour ceux qui voudraient aller chercher du chauffage aux houillères d’Entre Sambre et Meuse. Le Conseil Communal demande l’autorisation d’établir un bac à Tailfer et de le laisser exploiter pendant trois ans par Monsieur DONAU”. |
Le détour par Corrioule et la route de Luxembourg que devaient s’imposer les habitants de Lustin se rendant à Namur s’expliqua à la fois par l’absence de route de Tailfer à Dave et par l’établissement d’un droit de barrière exigé pour la traversée de cette dernière localité. Le “droit de barrière” était en fait un droit de péage. La suite de ce chapitre expose clairement où l’on en était dans le domaine des voies de communication à cette époque.
A-Le droit de barrière à Dave.
- Le Conseil de la commune de Lustin; vu la délibération du Conseil communal de Jambes sollicitant l’autorisation d’établir un droit de péage égal à une demi-barrière des grand’routes sur la section de chemin de Jambes à Dave qui traverse cette commune: considérant que la commune de Lustin n’a aucune communication avec Jambes par Dave et que ces communications doivent avoir lieu par la route de Luxembourg; que si le chemin dont il s’agit sert parfois à une partie de la commune de Lustin, ce n’est que très précairement et à cause d’une permission essentiellement révocable de la propriétaire de la terre de Dave, permission que l’on ne peut obtenir sans payer à l’avance un droit de barrière par abonnement pour l’année, ce qui est déjà trop onéreux pour la commune; considérant encore que les transports des bois, des terres plastiques et des minerais de fer se font par eau après avoir été déposés sur les rivages, d’où résulte que le chemin dont il s’agit n’a aucun caractère d’utilité générale qui autorise l’établissement d’une barrière et cela est si vrai qu’un projet de chemin de grande communication ayant été mis à l’étude dans cette direction a dû être abandonné par défaut d’utilité générale; pour ces motifs, le Conseil communal de Lustin est d’avis qu’il n’y a pas lieu d’accorder à la commune de Jambes l’autorisation sollicitée.
Délivré en séance à Lustin le 17 octobre 1852. - Le Conseil de la commune de Lustin; vu l’offre verbale faite par Monsieur l’Avocat WASSEIGE, administrateur des propriétés de Monsieur le Comte de DAVE, de laisser passer les voitures et chevaux des habitants de la commune de Lustin sans payer le droit de la barrière établie sur le chemin de Taille-fer à Dave, vers Namur, appartenant au dit Comte, moyennant une indemnité annuelle de trente francs, à payer par la commune au-dit Comte à partir du 1er mars prochain; considérant que cette offre est avantageuse pour la commune; Le Conseil est d’avis de l’accepter, et l’accepte et demande:
1° l’autorisation nécessaire à cette fin;
2° de pouvoir disposer d’une somme de trente francs à prendre dans les fonds disponibles pour payer la première année.
Fait en séance à Lustin le 29 février 1856.
B-Le Chemin de Tailfer à Dave.
En 1846, ce chemin est considéré comme sentier sous le N° 19 de l’Atlas.
La commune de Lustin propose au commissaire d’arrondissement de rendre ce chemin “vicinal” (1) puisque c’est la seule communication possible entre les deux localités pour le voiturage, la commune s’engageant à lui donner la largeur nécessaire jusqu’à la limite du territoire de Dave. Cette proposition est faite en réponse à une offre présentée au nom du Duc de Montellano, propriétaire à Dave, de laisser passer, moyennant la rétribution annuelle de cinquante francs, proposition rejetée par l’administration communale de Lustin.
C-Le droit de barrière à Maillen/Courrière.
Le 9 juillet 1854, le Conseil communal de Lustin approuve une demande du Conseil communal de Courrière qui sollicite l’autorisation d’établir un droit de péage égal aux deux cinquièmes du droit de barrière des grand’routes sur le chemin du Vivier l’Agneau à Maillen par Courrière. Toutefois, un avis différent est formulé le 17 octobre 1858, signalant que depuis l’inauguration du chemin de fer du Luxembourg, tous les produits et marchandises de la commune s’expédient sur la station d’Assesse. Mais les voituriers sont toutefois tenus d’acquitter le droit de péage à la limite de la commune de Courrière et ce pour un parcours fort limité sur le territoire de cette commune (environ 500 mètres) ce qui est jugé excessif.
(1) tel celui de Lustin à Maillen
Sources: Marcel Laurent.